Didier DESCAMPS
41 rue Vaillant
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France

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La céramique pour les nuls !

Ce petit roman-vidéo devrait vous aider à comprendre comment naissent mes pièces de grès tournées, et pourquoi deux mois au minimum sont nécessaires entre le façonnage et la cuisson finale.

Cette page est en chantier, je veux bien entendre toutes vos remarques à son sujet.


Malaxage et préparation des pâtons de terre :

La terre est fournie le plus souvent en pains de 10 kg, sous film plastique. Elle est, en principe, prête à être utilisée. Il faut pourtant souvent la sécher ou l'humidifier auparavant pour lui redonner la bonne consistance.
Peu avant le tournage, il faut la malaxer pour lui donner la plasticité maximale et la battre pour la débarrasser des éventuelles bulles d'air. Enfin on prépare des boules de masse adaptée aux pièces qu'on veut tourner.


Tournage d'une forme haute, une cruche par exemple :

Pour le potier le tournage est une mise en forme par déformation plastique d'une masse quasi constante de terre, contrairement au tournage des métaux qui se fait par enlèvement de matière (copeaux).
Quelques outils sont nécessaires comme le fil à couper, ou souvent utiles comme une estèque ou une éponge, mais l'essentiel se passe directement entre la terre et la main.


Pose d'une anse :

Ce travail se fait quand la pièce a commencé à sécher, qu'elle n'est plus trop déformable. Environ 24 h après le tournage.


Tournage d'une forme ouverte, un bol :

On retrouve les mêmes étapes de centrage et de creusage de la forme haute, mais la façon de monter la paroi est différente.


Tournasage d'une forme ouverte :

Il s'agit cette fois d'enlèvement de matière, le plus souvent sur la face inférieure de la pièce, avec des tournasins ou des mirettes. Ces outils tranchants sont souvent bricolés par le potier avec des rebuts, lame de scie, vieux couteau, etc.
Le tournasage se fait quand la pièce a atteint la consistance « cuir » et qu'elle n'est presque plus déformable, typiquement 2 jours après le tournage. Mais ce délai dépend fortement de la taille de la pièce et de l'hygrométrie de l'atelier.


La cuisson de dégourdi :

Le séchage des pièces doit être lent et surveillé. Quand il y a suffisamment de pièces parfaitement sèches, elles sont placées dans le four. Elles peuvent se toucher, et on met les petits plats dans les grands pour maximiser le remplissage du four.


La cuisson de dégourdi dure environ 6 h, c'est une montée régulière en température pour atteindre 950°C. Mon four est à gaz et, contrairement aux fours électriques, suppose une surveillance et des interventions. 6 h de travail donc.
Après 24 h de refroidissement les pièces peuvent être défournées. Elles sont encore fragiles et poreuses, mais l'argile a perdu son eau de constitution, elle est « fixée » de façon irréversible et pourra être mouillée sans se déliter.


La composition des émaux :

Un émail est un verre en poudre en suspension dans de l'eau et qu'on dépose sur la pièce dégourdie. Il fond à sa surface à la fin de la cuisson finale.
Comme tout verre il est composé principalement de silice, mais également d'alumine et d'autres oxydes métalliques (calcium, sodium, fer,...) en bonnes proportions pour fondre à 1280°C avec la couleur et la texture voulues.
Cette poudre est obtenue en mélangeant diverses roches broyées (quartz, kaolin, talc,...) et cendres végétales (chêne, lavande,...).
Comme tous les potiers, j'ai toujours envie d'étendre ma palette, et je consacre beaucoup de temps à cette recherche qui alterne les calculs moléculaires (merci au numérique !) et les essais.
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L'émaillage et l'enfournement :


Je pratique l'émaillage par trempage, aspersion et pulvérisation avec des pistolets à peinture. Il faut deux jours de travail pour remplir le four.


La cuisson finale :

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Les pièces ayant été déjà dégourdies, la montée en température peut être rapide, typiquement 300°C/heure. À partir de 980°C environ, le brûleur est réglé en « réduction », c'est à dire avec un débit d'air légèrement diminué, privant d'oxygène l'intérieur de la chambre. Cette absence d'oxygène me permet d'obtenir une gamme de couleurs très différente de celles d'un four électrique. À la sortie du four se forme une flamme caractéristique de cette réduction.


Sur la fin de la cuisson, je scrute par un regard la montre pyrométrique qui, quand elle est tombée, indique que la température finale est atteinte et que la cuisson est finie. Ces quelques secondes de vidéo représentent environ une demie-heure de chute.

La température finale étant atteinte, je coupe air et gaz, et le refroidissement se fait naturellement. Certains potiers interviennent pendant le refroidissement mais ça n'est pas mon choix. Le défournement et l'examen critique des nouvelles pièces se fait environ 24 heures après la fin de la cuisson.